AirTag d’Apple : comment savoir si quelqu’un vous espionne à votre insu ?

S’en suivent des faits de harcèlement, ou divers trafics comme le vol de voitures.

À l’origine, l’AirTag – qui coûte une trentaine d’euros – est une petite balise bluetooth dédiée aux têtes en l’air. On l’accroche à ses clés, on la glisse dans son sac, et fini la panique avant de sortir lorsqu’on a oublié où ces essentiels étaient rangés.

En un clic, on peut demander à l’AirTag qui fait la taille d’une pièce de deux euros d’émettre un son, qui permet de le retrouver aisément. S’il est trop éloigné, on peut le retrouver via l’onglet “Itinéraire”, et se faire guider jusqu’à lui. Apple précise sur son site que l’outil permet aussi de retrouver ses appareils Apple, ou de “ne pas perdre ses proches de vue”. Le problème, c’est que cette dernière utilisation a été largement détournée…

Un AirTag caché sur la roue de sa voiture

Sur Twitter, Ashley raconte par exemple en décembre 2021 quelque chose “de plutôt terrifiant” qui lui est arrivé. Alors qu’elle était dans un bar, quelqu’un en aurait profité pour glisser un AirTag sur sa voiture.

https://twitter.com/Sega__JEANAsis/status/1472198123506257937

“Il était deux heures du matin et je conduisais sur une route où il n’y avait aucune voiture, mais je continuais à avoir une alerte”.

Ces notifications dont elle a effectué une capture d’écran, visible ci-dessous, lui indiquent qu’un AirTag la suit.

Après de multiples recherches, et une nuit d’angoisse loin de chez elle, elle finit par en retrouver un, au niveau de sa roue avant.

Les témoignages comme celui d’Ashley affluent sur les réseaux sociaux, notamment Twitter et TikTok. Des femmes la plupart du temps, racontent comment elles ont été géolocalisées à leur insu au moyen d’un AirTag.

Vol de voiture ou harcèlement : quels sont les risques ?

On distingue plusieurs types de détournements malveillants. Au Canada, des AirTag ont été dissimulés dans des voitures de luxe, afin de pouvoir localiser le domicile de leurs propriétaires… et les voler tranquillement par la suite.

Ils peuvent aussi servir à traquer les déplacements d’une personne. À la BBC, Eva Galperin, en charge des questions de cybersécurité à l’Electronic Frontier Foundation (EFF), expliquait ironiquement qu’il s’agissait d’un “outil parfait pour le harcèlement”.

Ce suivi peut être effectué par un inconnu, comme c’était visiblement le cas pour Ashley, mais aussi par un ou une proche, dans le cadre de violences domestiques. Comme le notait Numerama, ce seraient même ces derniers “qui représentent le plus grand risque”.

Il y a bien longtemps que ce que l’on nomme la “cyberviolence” (qui concerne 9 femmes sur 10 victimes de violences conjugales, selon le Centre Hubertine Auclert) ne se cantonne plus à lire des SMS sans l’accord de l’autre. Le fait de suivre à la trace et d’espionner le partenaire fait partie des moyens de contrôle utilisés. Ces données peuvent être utilisées pour surveiller mais aussi manipuler la victime. Plusieurs cas de ce type ont été signalés aux autorités aux Etats-Unis avec des AirTag.

Faut-il avoir peur des AirTag ?

Évidemment, les AirTag ne sont pas les seuls outils qui permettent ce type d’abus. Il existe de nombreuses applications dédiées (les logiciels espions), des applications détournées de leur usage de base (applis de contrôle parental notamment), ou même des fonctionnalités incluses sur les smartphones comme le partage de géolocalisation, qui peut être activé plus ou moins discrètement à l’insu d’une personne.

Un véritable business s’est créé autour de ce marché lugubre, racontait Le Monde dans une enquête.

La spécificité des AirTag cependant, est d’être bon marché et accessible au grand public, mais aussi d’offrir une localisation précise et actualisée de façon régulière. Pour les situer, Apple utilise son réseau “Localiser”. Cela signifie concrètement que tous les iPhone, iPad ou ordinateurs de la marque deviennent des points relais, précisant la géolocalisation. Dans un espace densément peuplé, un centre commercial, un restaurant ou autre, la localisation sera donc à priori davantage mise à jour et plus fiable.

Apple déploie des dispositifs de sécurité pour éviter les abus

Pour remédier à ces abus, Apple a mis en place des dispositifs comme le système de notification textuelle lorsqu’une balise nous suit.

Cette notification n’est visible que sur les smartphones ou tablettes de la marque, mais il est possible d’installer une application dédiée sur Android – développée par Apple -, qui s’appelle Détecteur de traqueurs. Sur iPhone, on peut également effectuer une vérification dans l’application “Localiser”, en sélectionnant “Appareils”.

L’AirTag est aussi programmé pour sonner s’il est trop loin de son propriétaire pendant un temps long, prévenant ainsi les personnes n’ayant pas de smartphone, ou un smartphone Android. Ce délai a été raccourci, passant dès juin 2021 de trois jours à une fourchette comprise entre 8 et 24 heures. Il semblerait cependant que la sonnerie, de 60 décibels, soit peu audible dans le cas où l’AirTag serait collé sur une voiture. Certains réussissent aussi à la désactiver. Sur YouTube, des tutoriels atteignent plusieurs dizaines de milliers de vues, même si les commentaires laissent entendre qu’il s’agirait principalement de l’assurance de discrétion pour un vol de matériel par exemple (sur un vélo, etc).

Maintenant que vous savez quels sont les différents moyens de détecter un AirTag qui vous suit, nous vous invitons aussi à lire notre tutoriel sur Better Web, dédié à la détection des autres moyens de surveillance, comme les logiciels espions évoqués plus haut.

Lire aussi : Comment savoir si quelqu’un me géolocalise via mon smartphone ?

Nous y listons également des numéros d’urgence à contacter si vous subissez un jour ce type de cyberviolence. Sachez que tous les AirTag sont équipés d’une puce NFC qu’il est possible de lire avec n’importe quel smartphone, et qui indique la marche à suivre en cas de soucis. De manière générale, si vous trouvez l’un de ces petits objets sans raison au fond de votre sac ou sur votre voiture, le mieux est de ne pas rentrer directement chez vous et de plutôt l’amener dans un commissariat. Il est parfois possible de retrouver leur propriétaire. La même consigne est valable pour les applications espions.